L'AVIRON

Les commandements à l'aviron

 

La complexité des commandements n'est qu'apparente, l'entraînement vous l'apprendra très vite. Il est bon de commencer avec une équipe de quatre ou six rameurs et un barreur, de préférence en eaux calmes.

Ces commandements sont donnés par l'homme de barre ou patron, qui se tient debout à la barre ou aux tire-veilles. Pendant la nage, les commandements relatifs aux avirons doivent être lancés d'une voix ferme, au moment où les pelles plongent dans l'eau, pour être exécutés correctement au " coup suivant ".

 

  POSTE D'ARMEMENT

Au commandement, les nageurs choisissent les avirons de leur bordée en commençant par ceux de l'arrière, et les disposent sur les plats-bords, les pelles en dehors, en éventail, la poignée posée sur le banc de nage à l'opposé du nageur correspondant

Pour réaliser cela en ordre parfait, les nageurs assis à leur banc prennent à l'appel du chef de nage l'aviron désigné, par la poignée : puis ils le font passer au-dessus de leur tête du dedans au dehors, chaque bord réalisant cela pour son propre compte, c'est à dire pour les avirons du bord opposé.

Les avirons ainsi disposés en éventail, la yole peut quitter son mouillage ou son quai.

  " Paré à pousser ", " Poussez "

" Paré à pousser ", " Poussez ".Les brigadiers avant et arrière munis de leur gaffe, se préparent à larguer la ou les amarres, selon l'ordre du chef de bord. Au commandement " Poussez ", ils larguent et débordent vigoureusement avec le bois de la gaffe, la rangent et s'assoient à leur banc.

  " Paré à armer "

" Paré à armer ".Les nageurs assis à leurs bans s'inclinent vers l'axe central de la yole et saisissent de la main intérieure leur aviron ; l'autre main bras en extension, se positionne sur le bois de l'aviron du nageur qui lui succède. Tous les nageurs, assis et alignés sur deux axes, sont ainsi inclinés vers le centre de leur banc, les deux bras tendus à l'opposé, une main sur leur propre aviron et l'autre sur le bois de l'aviron du bord opposé qui le suit. Cette position est maintenue jusqu'au commandement " Armez ".

  " Armez "

" Armez ".Chaque nageur tire à lui son aviron tandis que de l'autre main, il pousse sur l'aviron qui le suit, jusqu'à l'amener dans sa dame de nage.

Pour faciliter cette manœuvre, il est utile d'accompagner le mouvement de poussée en s'aidant de l'appui du dos du nageur devant pour faire pivoter l'aviron .Le brigadier arrière se charge de pousser sur le bois de l'aviron du chef de nage. Dès que l'aviron est engagé dans sa dame, on le fait pivoter d'un quart de tour pour mettre la pelle en position verticale. On est alors en position " Lève rames ".

  " Avant partout ", " Avant bâbord ou tribord "

" Avant partout ", " Avant bâbord ou tribord ". A ce commandement, les nageurs se penchent en avant, tête baissée et bras tendus, amenant leur pelle sur l'avant du bateau, bien verticale, et ils maintiennent la position jusqu'à ce que le barreur les libère en criant " Deux ".(" Avant partout " tenant lieu de commandement " Un "). A l'appareillage ou en début de manœuvre, les premiers coups seront courts, puis progressivement plus longs et plus puissants, le canot prenant peu à peu son erre.

Tous ensemble, les nageurs plongent leur aviron et tirent en suivant le rythme des chefs de nage. L'homme de barre, pour imposer la cadence, continue de dire " Deux " jusqu'à ce que celle ci devienne bien régulière. Il dit alors : " cadence du chef de nage ".

En course, le chef de bord peut reprendre cette façon de faire, afin de vérifier que la cadence du chef de nage ne ralentit pas, pour relancer son équipage, ou au contraire, quand le chef de nage se laisse emporter par son ardeur, au risque d'asphyxier son équipage.

  AVIRON ENGAGÉ

L'aviron peut parfois s'engager dans la dame, la pression de l'eau sur la pelle empêchant de la dégager, du fait de la vitesse du bateau.

Il y a danger pour le nageur qui peut être renversé par le manche de son aviron et pour l'aviron qui peut casser (les Anglais appellent cela to catch a crab). Pour se dégager, le nageur doit pouvoir appuyer fortement sur le manche de son aviron, et l'aide de l'équipier le plus proche est souvent nécessaire.

  " Lève rames "

" Lève rames ". A ce commandement, les nageurs cessent de ramer et des mettent en position d'attente, les pelles verticales. Pour les parades, les nageurs complètent ce mouvement en mettant les pelles horizontales, le plat vers le ciel, pour la beauté du geste. On fait un quart de tour et c'est tout.

  " Pelles dans l'eau "

" Pelles dans l'eau ". Les nageurs engagent les pelles légèrement dans l'eau, bras repliés, coudes au corps, le corps légèrement arc-bouté, faisant l'effort pour maintenir l'aviron en travers. Si l'embarcation à de l'erre, il faut s'arc-bouter solidement pour ne pas être renversé par l'aviron. Mais c'est très efficace pour faire stopper le bateau en cas de danger de collision.

  " Sciez partout ", " Sciez bâbord ou tribord "

" Sciez partout ", " Sciez bâbord ou tribord ". Les rameurs nagent en sens inverse du mouvement avant en poussant au lieu de tirer, au commandement " deux ", de façon a faire reculer - on dit culer - le bateau.

Manœuvre efficace, voire risquée pour les avirons (et/ou pour les nageurs), si cet ordre vient à être donné avec trop d'erre. Il faut commencer par ralentir : " Lève rames ", stopper " pelles dans l'eau ", puis " scier ", donc encore une fois an-ti-ci-per !

  SCIER

Une yole vire sur place avec une certaine facilité, si l'on fait agir différemment et simultanément les avirons bâbords et tribord, un bord faisant " avant ", et l'autre " sciant ".

Cette évolution prend du temps, mais bien coordonnée, elle est des plus majestueuses !

  ENDURER

C'est nager moins fort en conservant la cadence. Les commandement " endurez ", "endurez bâbord et tribord " sont faits pour faciliter la manœuvre de l'embarcation.

  " Paré à "

" Paré à …". Le patron doit savoir laisser un temps de latence, l'utiliser même, et pour cela, préparer la manœuvre par l'ordre préparatoire : " Paré à… " Ainsi, chacun comprend bien que l'ordre va suivre : il n'est exécutable que lorsqu'il tombe proprement dit, clair et net, de la bouche du chef de bord.

Si le patron doit annuler le " paré ", il dit " tient bon partout ". L'art très marin de la manœuvre de nos yoles est donc d'anticiper, de penser la manœuvre à l'avance. Apprenons la technique d'abord, les sensations et le style viendront plus tard avec l'expérience et la cohésion entre le patron et l'équipage.

Se rappeler malgré tout que l'encombrement du bateau à la surface de l'eau, avirons sortis, est d'environ 100 m2, en prenant le minimum de marge de sécurité compte tenu du rayon d'évolution.

En route, vous avez donc 100m2, et quelques deux tonnes qui se déplacent sur le plan d'eau - sans oublier la hauteur des mâts quand on passe sous un pont ou une haussière tendue ! Il faut donc savoir rentrer les avirons et " casser son erre " pour diminuer à temps l'encombrement et l'inertie de l'ensemble.

  " Laisser courir "

" Laissez courir ". Les nageurs laissent tomber les pelles dans l'eau en dégageant l'aviron de sa dame (pour cela, il faut bien lever la poignée de l'aviron). Par un mouvement rotatif, on passe la poignée de son aviron au nageur opposé assis immédiatement en arrière, en même temps que l'on réceptionne celui du nageur opposé qui précède.

Dès lors, une fois que l'aviron, sous l'action de l'erre du bateau, est pratiquement venu se plaquer contre la coque, par un mouvement d'appui et de rotation, on dégage la pelle de l'eau, l'aviron venant se ranger presque de lui-même le long de la fargue (avirons en dedans). Cela se fait dans un mouvement d'ensemble, requérant l'aide mutuelle de tous les nageurs. La manœuvre ne réussit bien que si l'erre est suffisante (au patron d'y penser).

On peut, aussitôt que la manœuvre est exécutée, mettre les avirons à leur place, c'est à dire réaliser le " Poste d'armement ". On se prépare ainsi à réarmer immédiatement si la manœuvre était faite pour franchir, par exemple, un passage étroit.

Dans les accostages ou le long d'un quai ou d'un navire, il est bon de faire un " Laissez courir " et " lève rames ". Au commandement " Laissez courir bâbord ou tribord ", l'autre bordée se met en " Lève rames ". Le mouvement du " Laisser courir " est le même que précédemment, mais unilatéral.

A la réception de l'aviron qu'on " laisse courir ", les nageurs exécutant cet ordre continuent à pivoter sur eux-mêmes pour se mettre en appui sur le bois de l'aviron du nageur du bord opposé ; celui ci a réceptionné la poignée de l'aviron qu'on a laissé courir, son propre aviron étant en position "lève rames ". Cette posture est maintenue le temps que la bordée en position " lève rames " rentre les avirons sur les fargues.

  " Rentrez, Rentrez dedans "

" Rentrez, Rentrez dedans ". Ce commandement peut être donné en cours de nage quand la pelle plonge dans l'eau. On achève alors le mouvement puis, quand l'aviron sort de l'eau, on le tire par la poignée, perpendiculairement à la yole.

Il peut aussi être donné en position " lève rames ", le bateau courant sur son erre. Il a pour but de diminuer l'envergure de l'embarcation et d'éviter un obstacle bâbord ou tribord, ou les deux en même temps.

Si l'obstacle se présente uniquement d'un coté, l'ordre ne sera exécuté que du bord concerné.

  " Avirons en dedans "

" Avirons en dedans ".Ce commandement s'exécute d'emblée et suit le " laissez courir ". Les avirons, prenant appui sur la fargue, rentrent dans la toile, se repositionnant dans l'attente du commandement " Armez ".

  POSTE DE DÉSARMEMENT - " Désarmez "

" Désarmez ".Le chef de bord fait remettre son embarcation en ordre : la drôme est bien arrimée sur les bancs, défenses à poste. Les brigadiers assurent l'amarrage, rentrent le gouvernail, rangent la barre à tire-veille ou la barre franche sous les bancs de la chambre.

 

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